Bombardements aériens

in Michela Marzano (dir.), Dictionnaire de la violence, Paris, PUF, 2011, p. 161-168.


Le problème du bombardement, qu’il soit terrestre, maritime ou aérien et, plus généralement, de toute action meurtrière à distance, est que celui qui attaque n’a pas un contact direct avec sa cible mais se tient à une certaine distance ou hauteur, qui garantit sa sécurité mais peut nuire à son discernement. Cela rend plus difficile le respect de l’un des piliers du droit de la guerre : le principe de discrimination, selon lequel il est absolument interdit de tuer délibérément des non combattants, et « les attaques doivent être strictement limitées aux objectifs militaires », c’est-à-dire « aux biens qui, par leur nature, leur emplacement, leur destination ou leur utilisation apportent une contribution effective à l’action militaire et dont la destruction totale ou partielle, la capture ou la neutralisation offre en l’occurrence un avantage militaire précis » (art. 52§2 du Protocole additionnel 1 aux conventions de Genève). Afin de rendre compatible cet avantage stratégique décisif qu’est le recours au bombardement aérien avec cet impératif moral et juridique fondamental qu’est le respect du principe de discrimination, s’est lentement élaborée une norme dont nous retracerons la construction, avant d’examiner l’une de ses limites.

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