Interventions militaires, opérations de contre-insurrection, maintien de la paix, frappes aériennes, éliminations ciblées…Le mot même de « guerre », dont il n’existe aucune définition consensuelle, tend à disparaître tant du lexique politique que du vocabulaire scientifique. Pour commencer, on ne la déclare plus. L’exigence de la déclaration de guerre, introduite lors de la conférence de La Haye de 1907, n’a jamais été respectée. Ainsi, la France n’a pas déclaré la guerre depuis la Seconde Guerre mondiale. On l’invoque parfois, dans des déclarations martiales, mais ce choix relève davantage de la communication politique que d’un changement d’état : contrairement à « intervention », un néologisme inventé au XIXe siècle précisément pour éviter de parler de guerre, et qui donne dans l’analogie médicale, voire chirurgicale, présupposant que l’opération sera propre, rapide et bénéfique, « guerre » est parfois employé pour souligner que l’affaire est sérieuse, que le combat sera long et qu’il faudra faire des sacrifices. Cet usage très mou est l’écume d’une critique scientifique profonde.