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’La violence clandestine et dispersée’ : penser la dilution de la guerre

Cités, n°88, 2021/4, décembre 2021, p. 139-145.


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Si la guerre ne change pas de nature – elle reste « un acte de violence destiné à contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté » comme l’écrivait Clausewitz –, sa forme évolue constamment. Depuis 1945, cette évolution va dans le sens d’une dilution, d’une « déspécification  », c’est-à-dire d’une réduction croissante de l’écart entre guerre et paix, qui ne sont pas deux états clairement délimités mais les pôles théoriques d’un continuum. La dilution de la guerre est visible dans au moins trois dimensions : les acteurs (sommes-nous face à un combattant, un civil, un terroriste, un criminel ?), l’espace (l’urbanisation, la déterritorialisation et l’extension de l’espace de la conflictualité) et le temps (le début et la fin des interventions, la notion de victoire). La conséquence directe de cette extension de la zone grise entre la guerre et la paix est l’essor des menaces dites hybrides, définies comme l’engagement combiné d’actions cinétiques et non cinétiques visant à générer de l’ambiguïté afin de déstabiliser l’adversaire. Cette dilution de l’objet « guerre » a (ou devrait avoir) des conséquences sur la façon de l’étudier : il faut davantage travailler sur ce qu’Aron appelait « les espaces où sévit la violence clandestine et dispersée », c’est-à-dire ces interstices, ces zones grises entre la guerre et la paix, cet en-deçà de la guerre qui n’est pas pour autant la paix.

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